Sauver l’eau de la planète : un impératif vital
L’eau est indispensable à la vie, mais cette ressource est menacée. Les normes jouent un rôle essentiel dans la préservation, la réhabilitation et la gestion des ressources en eau. Voici pourquoi.
Peu de jours passent, semble-t-il, sans que la question de l’eau ne fasse les gros titres. L’actualité est émaillée de nouvelles tournant autour de la question de l’eau : crues, épisodes de sécheresse, feux de forêt, infrastructures endommagées par la guerre, fonte des glaces ou simple rappel du fait qu’une personne sur trois n’a pas accès à l’eau potable. Cette couverture médiatique est amplement justifiée, car même en laissant de côté le spectre des changements climatiques, l’humanité est confrontée à de multiples problématiques liées à l’eau. Les principaux défis consistent à assurer un approvisionnement en eau potable et des systèmes d’assainissement efficaces, à gérer l’élimination des eaux usées de manière responsable et sûre, à mettre en œuvre une irrigation efficiente, et à éviter autant que possible les gaspillages et la pollution lorsque l’eau est utilisée dans des procédés industriels.
Toutefois, la liste ne s’arrête pas là puisqu’il faut également trouver des solutions pour gérer les zones inondables, s’attaquer au problème des microplastiques, mettre fin à la pollution des nappes phréatiques et des océans, restaurer les ressources en eau insalubres ou en cours de raréfaction, et lutter contre le gaspillage ainsi que la surexploitation de l’eau. À cela s’ajoutent les risques accrus de conflit autour des ressources en eau, sans oublier les déplacements massifs de population causés par leur raréfaction. L’ONU-Eau estime ainsi que d’ici 2030, la pénurie pourrait avoir entraîné le déplacement de centaines de millions de personnes. Dans ce contexte, la Décennie internationale d’action pour l’eau 2018-2028 des Nations Unies sera cruciale pour relever les défis auxquels le monde est confronté dans ce domaine.
Objectifs et normes
Compte tenu de l’importance vitale de l’eau, deux des Objectifs de développement durable des Nations Unies – l’ODD 6 (Eau propre et assainissement) et l’ODD 14 (Vie aquatique) – abordent directement certains des enjeux susmentionnés, tandis que bien d’autres sont intégrés aux 15 objectifs supplémentaires. Dans cette perspective, l’ISO a publié des centaines de normes sur l’eau, dont beaucoup sont consacrées spécifiquement à ces deux ODD.
Il n’est donc guère surprenant que les normes ISO couvrent pratiquement toutes les problématiques imaginables liées à l’eau. Certaines, très pointues, définissent des spécifications de produits ou d’infrastructures (tuyauteries, vannes, joints, etc.), tandis que d’autres s’intéressent aux outils d’évaluation de la qualité de l’eau, proposent des lignes directrices en matière de gestion de l’eau ou abordent des aspects spécifiques tels que l’assainissement. Fruits de discussions entre experts de premier plan, les normes ISO s’appuient sur les connaissances de ces experts et reflètent un consensus autour de solutions concrètes et de meilleures pratiques.
Alors que la menace climatique se fait toujours plus pressante, l’ISO va plus loin en élaborant une série de normes dédiées visant à faciliter l’adaptation aux changements climatiques dans le domaine de l’eau. Ainsi, la norme ISO 24566 , en préparation, portera sur notamment sur les services de l’eau et identifiera les principes à suivre pour intégrer les impacts du changement climatique dans la planification et la conception de l’approvisionnement en eau. Ce type de travaux est essentiel pour mieux répondre à des problèmes grandissants comme le stress hydrique, et contribue à assurer la continuité de l’approvisionnement en eau des populations face à l’intensification des défis environnementaux.
L’ISO a publié des normes pertinentes couvrant la réutilisation de l’eau dans les zones urbaines.
Renforcer les actions locales
Le monde a besoin d’une gestion intelligente de l’eau. De multiples outils sont disponibles pour aider les collectivités à anticiper, à planifier et à s’adapter aux changements climatiques. Les plus pertinents d’entre eux sont sans nul doute les Normes internationales, puisque celles-ci ont vocation à assurer la qualité des produits ou services. Dans le cas de l’eau, tous les aspects de son cycle sont couverts, aussi bien le produit lui-même – l’eau potable – que la qualité des infrastructures utilisées pour sa distribution et les procédés mis en œuvre pour éliminer et/ou traiter les eaux usées.
Afin de promouvoir la résilience au niveau local, l’ISO a publié des normes pertinentes couvrant la réutilisation de l’eau dans les zones urbaines, élaborées par un groupe d’experts sur la question de l’eau. Ce thème est réellement critique, comme en témoigne le Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui révèle que les zones urbaines comptent parmi les lieux où la gestion de l’approvisionnement en eau et des eaux usées s’avère la plus complexe. Or, si elles ne sont pas correctement collectées et traitées, les eaux usées urbaines constituent l’une des principales sources de pollution de l’eau, d’où l’importance vitale des normes traitant de cette question.
Les organismes de réglementation s’appuient généralement sur les normes ISO pour élaborer leurs politiques. Si nous parvenons à aligner efficacement la gouvernance et la gestion de l’eau à l’échelle locale et mondiale, nous serons en mesure de mettre en œuvre les outils, les plans stratégiques et la dynamique politique nécessaires pour préserver l’humanité des menaces mondiales d’origine climatique.
Toutefois, la gestion de l’eau n’est pas seulement l’affaire des pouvoirs publics et des responsables politiques. En effet, les entreprises s’engagent de plus en plus à viser la réduction à zéro de leurs émissions et à atteindre d’autres objectifs du même ordre, et cherchent des moyens de réduire leur empreinte hydrique et de traiter plus efficacement les eaux usées issues de leurs activités. Actuellement, notre arsenal visant à promouvoir une action collective pour l’eau est fragmenté, ce qui nous empêche d’atteindre une efficacité optimale.
Assurer la coopération
Des lignes directrices claires sont essentielles pour permettre à l’ensemble des parties de répondre efficacement aux besoins et aux défis qui se posent dans le domaine de l’eau. Or, si les normes ISO sont universelles, elles facilitent également la mise au point de solutions répondant aux besoins locaux. En effet, une norme offre un langage commun et définit des attentes minimales, socles d’une coopération réussie.
Cet aspect revêt une importance particulière lorsqu’il s’agit de résoudre les problématiques d’approvisionnement en eau, à l’échelle locale comme transnationale. Toutes les parties impliquées dans le débat – les instances publiques nationales ou locales et, le cas échéant, les fabricants et autres entreprises ainsi que les agences de développement – peuvent s’appuyer sur les meilleures pratiques décrites dans les normes pour définir ensemble des solutions qui dépassent les frontières, qu’elles soient locales, nationales ou internationales.
La Décennie d’action pour l’eau des Nations Unies est à présent bien engagée, et nos efforts commencent à porter leurs fruits. Un approvisionnement fiable, accessible et durable en eau potable jouera un rôle primordial pour assurer la réussite à long terme de notre action face aux défis climatiques. Comme l’a déclaré un jour le poète W. H. Auden : « Des milliers de personnes ont vécu sans amour, aucune n’a pu vivre sans eau. » Nous devons donc recentrer notre attention sur des normes qui, collectivement, catalysent la résolution de nos défis communs. Les normes et lignes directrices de l’ISO ne sont peut-être pas les plus médiatisées, mais elles s’avèreront cruciales pour résoudre les crises qui font la une des journaux.